dimanche 27 mars 2011

Juan de Dios Guerrero Riquelme de 1º B





Si tu es belle comme les Mages de mon pays...

Si tu es belle comme les Mages de mon pays
O mon amour tu n'iras pas pleurer
Les soldats tués et leur ombre qui fuit la mort
- Pour nous la mort est une fleur de la pensée

Il faut rêver aux oiseaux qui voyagent
Entre le jour et la nuit comme une trace
Lorsque le soleil s'éloigne dans les arbres
Et fait de leurs feuillages une autre prairie

O mon amour
Nous avons les yeux bleus des prisonniers
Mais notre corps est adoré par les songes
Allongés nous sommes deux ciels dans l'eau
Et la parole est notre seule absence.

Georges Schehadé (1905-1989)


dimanche 20 mars 2011

À l'occasion de la Journée mondiale de la poésie



Un poème pour transcender aujourd'hui 21 mars, Journée mondiale de la poésie, l'ordinaire du jour.

Il est d'étranges soirs

Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Où dans l'air énervé flotte du repentir
Où sur la vague lente et lourde d'un soupir
Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Et ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.

Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les rochers,
Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches
Il est de clairs matins, de roses se coiffant.
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.

Albert Samain

vendredi 18 mars 2011

Le message



La porte que quelqu'un a ouverte
La porte que quelqu'un a refermée
La chaise où quelqu'un s'est assis
Le chat que quelqu'un a caressé
Le fruit que quelqu'un a mordu
La lettre que quelqu'un a lue
La chaise que quelqu'un a renversée
La porte que quelqu'un a ouverte
La route que quelqu'un court encore
Le bois que quelqu'un traverse
La rivière où quelqu'un se jette
L'hôpital où quelqu'un est mort.

Jacques Prévert Extrait de Paroles

vendredi 11 mars 2011

Temps béni



C'est ce qu'on appelle
un temps délicieux
un soleil léger
cuit à point
une brise légère
salée juste
un océan pur
un horizon droit.
Au milieu de ça
un homme invisible
qui ne se voit pas
qui ne se sent pas
qui n'a plus de poids.

Cet homme sans corps
à peine frôlé d'âme
aujourd'hui c'est moi
et j'entends la vie
qui glisse éternelle
entre mes vingt doigts.

Pierre Boujout

Les Poèmes de l'imbécile heureux

mercredi 9 mars 2011

Juan de Dios Guerrero Riquelme de 1º B




Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud (1854-1891)

Penélope García Puertas 1ºC



La grand-mère

Dors-tu ?... réveille-toi, mère de notre mère !
D'ordinaire en dormant ta bouche remuait ;
Car ton sommeil souvent ressemble à ta prière.
Mais, ce soir, on dirait la madone de pierre ;
Ta lèvre est immobile et ton souffle est muet.

Pourquoi courber ton front plus bas que de coutume.
Quel mal avons-nous fait, pour ne plus nous chérir ?
Vois, la lampe pâlit, l'âtre scintille et fume ;
Si tu ne parles pas, le feu qui se consume,
Et la lampe, et nous deux, nous allons tous mourir !

Tu nous trouveras morts près de la lampe éteinte.
Alors, que diras-tu quand tu t'éveilleras ?
Tes enfants à leur tour seront sourds à ta plainte.
Pour nous rendre la vie, en invoquant ta sainte,
Il faudra bien longtemps nous serrer dans tes bras !

Victor Hugo (1802 -1885)

lundi 7 mars 2011

Une femme est l'amour



Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance;
Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé,
elle élève le coeur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.

Courbé par le travail ou par la destinée,
L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit.
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son coeur s'adoucit.

Dans ce siècle de fer la gloire est incertaine,
Bien longtemps à l'attendre il faut se résigner.
Mais qui n'aimerait pas dans sa grâce sereine
La beauté qui la donne ou qui la fait gagner.

Gérard de Nerval (1808- 1855)

dimanche 6 mars 2011

Tels que nous sommes



Avant que l'univers ne nous habite,
Nous habitions l'univers.

La parole trouve en nous son unique paysage
Le silence déborde de songes à venir.

Entre l'instant vécu et l'instant à vivre,
S'inscrit notre visage éternel.

Andrée Chédid (1960)


jeudi 3 mars 2011

Sensation



Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue;
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien:
Mais l'amour infini me montera dans l'âme.
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud