samedi 28 mai 2011

La Tour Eiffel



Mais oui, je suis une girafe,
M'a raconté la tour Eiffel.
Et si ma tête est dans le ciel,
C'est pour mieux brouter les nuages,
Car ils me rendent éternelle.
Mais j'ai quatre pieds bien assis
Dans une courbe de la Seine.
On ne s'ennuie pas à Paris :
Les femmes, comme des phalènes,
Les hommes, comme des fourmis,
Glissent sans fin entre mes jambes
Et les plus fous, les plus ingambes
Montent et descendent le long
De mon cou comme des frelons
La nuit, je lèche les étoiles.
Et si l'on m'aperçoit de loin,
C'est que très souvent, j'en avale
Une sans avoir l'air de rien.
Maurice Carême

dimanche 22 mai 2011

Mais déjà tombe le soir sur Paris



Quand le soleil du soir parcourt les Tuilleries
Et jette l'incendie aux vitres du château;
Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d'eau
Tout plongé dans mes rêveries!

Et de là, mes amis, c'est un coup d'oeil fort beau
De voir, lorsqu' à l'entour la nuit répand son voile
Le coucher du soleil, - riche et mouvant tableau,
Encadré dans l'Arc de l'Etoile!

Gérard de Nerval

dimanche 15 mai 2011

Les papillons



Les papillons bleus, les papillons blancs,
Sur les prés mouillés et les blés tremblants,
Vont battant des ailes.
C'est sous le soleil un frémissement
Qui fait s'incliner les fleurs doucement
Sur leurs tiges frêles.

Paul Bourget

lundi 9 mai 2011

Curro Manzano 3ºESO B



Le vin des amants

Aujourd'hui l'espace est splendide!
Sans mors, sans éperons, sans bride,
Partons à cheval sur le vin
Pour un ciel féerique et divin!

Comme deux anges que torture
Une implacable calenture
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain!

Mollement balancés sur l'aile
Du tourbillon intelligent,
Dans un délire parallèle,

Ma soeur, côte à côte nageant,
Nous fuirons sans repos ni trêves
Vers le paradis de mes rêves!

Charles Baudelaire (1821-1867)

Carmen Nieto Ordoñez 4ºD



L’ archangélique

(...)
la folie ailée ma folie
déchire l’immensité
et l’immensité me déchire

je suis seul
des aveugles liront ces lignes
en d’interminables tunnels

je tombe dans l’immensité
qui tombe en elle même
elle est plus noire que ma mort

le soleil est noir
la beauté d’un être est le fond des caves un cri
de la nuit définitive

ce qui aime dans la lumière
le frisson dont elle est glacée
est le désir de la nuit
(...)

Georges Bataille (1897-1962)

dimanche 8 mai 2011

Dans un petit bateau




Dans un petit bateau
Une petite dame
Un petit matelot
Tient les petites rames

Ils s'en vont voyager
Sur un ruisseau tranquille
Sous un ciel passager
Et dormir dans une île

C'est aujourd'hui Dimanche
Il fait bon s'amuser
Se tenir par la hanche
Échanger des baisers

C'est ça la belle vie
Dimanche au bord de l'eau
Heureux ceux qui envient
Le petit matelot

Robert Desnos